Vie quotidienne et cancer
Le cancer en tant que tel mais aussi les traitements, les effets secondaires… peuvent avoir un retentissement important sur la vie quotidienne des patients : fatigue, douleur, état général, alimentation, vie sexuelle.
Le cancer en tant que tel mais aussi les traitements, les effets secondaires… peuvent avoir un retentissement important sur la vie quotidienne des patients : fatigue, douleur, état général, alimentation, vie sexuelle...
La fatigue et la douleur sont des symptômes fréquents des cancers.
Elles peuvent être dues à la maladie mais aussi aux effets secondaires des traitements et soins associés. Des moyens efficaces peuvent être utilisés pour les soulager. Leur retentissement est dépendant de chaque personne. L’équipe soignante doit adapter en conséquence la prise en charge. Celle-ci peut faire appel à différents traitements, médicamenteux ou non.
L’alimentation du patient doit parfois être modifiée. Ce peut être à cause d’une perte d’appétit mais aussi des effets secondaires des traitements.
Le patient sera amené à faire évoluer son alimentation en fonction de l’évolution de sa maladie et de sa réaction aux traitements.
Durant les traitements des cancers les personnes peuvent parfois avoir des difficultés d’ordre sexuel, notamment une perte temporaire du désir sexuel, mais il n’y a pas de risque à avoir une activité sexuelle.
La pratique d’une activité physique est conseillée pour ses bienfaits physiques mais aussi pour l’action positive qu’elle peut avoir sur le moral. La pratique d’une activité doit être discutée avec le médecin et adaptée aux capacités de chacun.
Enfin, différents dispositifs d’aide pourront faciliter le quotidien des malades à leur domicile pour faire face aux bouleversements liés à la maladie.
LA FATIGUE PENDANT ET APRÈS LES TRAITEMENTS D'UN CANCER
La fatigue est un des symptômes les plus fréquents des cancers et de leurs traitements. La fatigue qui apparaît lors d’un cancer est souvent peu soulagée par le sommeil, on se réveille encore fatigué et chaque activité devient une épreuve. La fatigue peut être présente aussi bien durant les traitements qu'après.
La fatigue durant un cancer peut avoir différentes causes :
- La maladie et son évolution
- Les traitements et leurs effets secondaires comme l’anémie, les vomissements, le manque d’appétit…
- La douleur
- Un sommeil perturbé
- L’anxiété…
Il est important d’en parler avec l’équipe soignante. Celle-ci pourra remplir avec le patient un questionnaire pour évaluer sa fatigue et ainsi lui proposer des moyens de prise en charge. Celle-ci sera effectuée par une équipe pluridisciplinaire faisant appel par exemple à :
- Un kinésithérapeute qui aide le patient à maintenir ou récupérer sa motricité et lui apprend comment récupérer efficacement et se détendre par des exercices de relaxation
- Un ergothérapeute qui aide la personne à adapter son environnement (aménagement du domicile,…)
- Un psychomotricien qui permet à la personne d’appréhender les modifications de son corps par de la relaxation, de l’écoute, des massages…
Pour faire face à cette fatigue, il est aussi important de suivre des conseils pratiques :
- Ne pas hésiter à avoir des moments de pause assis ou allongé
- Faire des courtes siestes si le besoin s’en fait sentir
- Reprendre le travail de façon progressive et adaptée
- Se faire aider dans les tâches de la vie quotidienne
- Pratiquer une activité physique…
Pour en savoir plus, découvrez le dossier de l’Institut National du Cancer, Fatigue et cancer.
LA DOULEUR PENDANT ET APRÈS LES TRAITEMENTS D'UN CANCER
La douleur est fréquente durant un cancer. Elle peut être due à la maladie, si la tumeur est localisée sur une zone sensible, mais aussi aux traitements et soins associés. Le retentissement de la douleur est dépendant de chaque personne et son ressenti doit être entendu par l’équipe soignante pour que la prise en charge soit la plus adaptée possible. Celle-ci peut faire appel à différents traitements, médicamenteux ou non.
La douleur se définit comme une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable qui se déclenche lorsque l’organisme détecte une maladie, une blessure ou une anomalie. Son retentissement est dépendant de chacun, et une douleur liée à la même cause peut être perçue de façon totalement différente selon la personne. La douleur peut avoir un impact sur le sommeil, le moral, l’appétit... en bref, sur la vie au quotidien. Elle peut être aigue ou chronique.
Les douleurs qui apparaissent lors d’un cancer peuvent avoir plusieurs causes :
- La tumeur ou ses métastases si elles touchent une zone sensible du corps
- Les traitements : chimiothérapie, radiothérapie, chirurgie
- Les soins et examens liés au suivi de la maladie comme les injections, les pansements…
L’effet et l’intensité de la douleur sont aussi dépendants de facteurs psychologiques.
Il est important pour le patient de parler de cette douleur avec l’équipe soignante. Elle aidera le patient à décrire sa douleur le plus précisément possible pour permettre une prise en charge efficace.
Il existe différents moyens permettant de soulager au mieux une douleur qu’elle qu’en soit l’origine : des antalgiques de palier 1 à 3 (du paracétamol à la morphine), administrés par la bouche ou par voie veineuse ou encore d’autres médicaments détournés de leur indication première comme certains antidépresseurs ou antiépileptiques. Il existe également des techniques non médicamenteuses le plus souvent complémentaires aux traitements classiques comme l’hypnose, la relaxation ou la kinésithérapie.
La prise en charge de la douleur est ainsi le plus souvent pluridisciplinaire. L’efficacité des thérapeutiques choisies doit être régulièrement réévaluée en équipe.
Pour en savoir plus sur la douleur durant un cancer découvrez le guide de l’Institut National du Cancer, Douleur et Cancer.
LA VIE SEXUELLE PENDANT ET APRÈS LES TRAITEMENTS D'UN CANCER
Durant les traitements des cancers, les personnes peuvent parfois avoir des difficultés d’ordre sexuel, notamment une perte temporaire du désir sexuel, mais il n’y a pas de risque à avoir une activité sexuelle.
Pour l’homme, lorsque le cancer n’a pas atteint une zone sexuelle, le manque de désir est passager. La production de testostérone peut être perturbée par les traitements et l’envie s’en trouver diminuée. De plus, les facteurs psychologiques mais aussi la fatigue ou la douleur peuvent troubler la vie sexuelle.
Certains traitements des cancers peuvent avoir des conséquences :
- Après un cancer du testicule, il peut y avoir des troubles de l’érection temporaires liés à la radiothérapie. D’autres traitements peuvent entraîner des troubles de l’éjaculation.
- Après un cancer de la prostate, la prostatectomie est souvent suivie par des troubles de l’érection. Certains médicaments pourront pallier à ces troubles.
- Dans le cas d’une irradiation de la zone pelvienne, par exemple dans le cas d’une maladie de Hodgkin, il est important d’informer le médecin du souhait d’avoir des enfants car il faudra éventuellement faire une congélation d’un échantillon de sperme avant l'irradiation.
Chez la femme, lorsque le cancer n’affecte pas les zones sexuelles, il n’y a pas de contre-indication à la reprise d’une activité sexuelle. Mais le désir est souvent diminué de façon temporaire par la fatigue, les traitements….
Certains cancers et leurs traitements peuvent avoir des conséquences :
- Après un cancer du sein, la chimiothérapie peut entraîner un arrêt temporaire des règles. Lorsque le sein a été enlevé, l’image de soi peut être modifiée et donner des traumatismes psychologiques. La reconstruction mammaire peut être une solution.
- Suite à un cancer de l’utérus, il faudra attendre quelques temps avant la reprise de l’activité sexuelle. La radiothérapie pelvienne peut entraîner des désordres hormonaux temporaires. Parfois, les interventions peuvent donner une gêne lors des rapports, due à un durcissement du vagin ou encore à une sécheresse des muqueuses.
- Dans le cas d’une irradiation de la zone pelvienne, par exemple en cas de maladie de Hodgkin, la personne doit avant l'irradiation discuter avec le médecin si elle souhaite avoir des enfants car on pourra proposer une transposition ovarienne.
Pour en savoir plus, découvrez le guide de la Ligue Nationale Contre le Cancer : Sexualité et cancer pour les femmes et Sexualité et cancer pour les hommes .
L'ACTIVITÉ PHYSIQUE PENDANT ET APRÈS LES TRAITEMENTS D'UN CANCER
Pratiquer une activité physique pendant et après le traitement pour un cancer est positive aussi bien sur le plan physique que sur plan psychologique. En effet, elle favorise la résistance à la fatigue et la récupération des capacités physiques.
Durant les traitements, la pratique d’une activité physique aide l’organisme à récupérer et à se maintenir en forme. Elle favorise aussi l’appétit et le sommeil.
Il est conseillé de pratiquer une activité physique régulière adaptée à ses capacités et d’en discuter avec l’équipe soignante. En effet, même si en général la pratique d’une activité physique ne pose pas de problème, les médecins peuvent aider la personne à choisir une activité adaptée à sa situation. Parfois même, il peut déconseiller telle pratique sportive à un patient ou conseiller d’autres activités comme le jardinage voire des activités manuelles qui permettent aussi au patient de sortir de sa maladie et de prendre du plaisir.
Après les traitements et pendant la convalescence, la pratique d’une activité physique dépend des séquelles qui peuvent limiter certaines pratiques.
Par exemple, suite à une intervention chirurgicale pour traiter un cancer du sein, certains sports qui sollicitent violemment les bras et le haut du corps, comme le tennis, sont à éviter. Par contre, il est conseillé de pratiquer des activités comme la marche ou la gymnastique douce.
Suite à une chirurgie pour un cancer du côlon, les sports qui utilisent les muscles abdominaux sont à éviter.
Il est dans tous les cas conseillé de discuter avec son médecin pour choisir une activité adaptée à sa situation.
L'ALIMENTATION PENDANT ET APRÈS LES TRAITEMENTS D'UN CANCER
En pratique quelques conseils nutritionnels doivent être suivis lorsque l’on est traité pour un cancer : suivre son poids, s’hydrater et adapter son alimentation pour faire face aux effets secondaires des traitements.
Adapter son alimentation
- Il faut veiller à changer son alimentation suite à certaines chirurgies. Par exemple, suite à l’ablation de l’estomac, il est conseillé de fractionner ses repas en 5 à 6 petites collations…
- Lors de la radiothérapie et de la chimiothérapie :
- En cas de nausées et vomissements, il est conseillé de favoriser les aliments neutres et sans odeur, pauvres en graisses et plutôt tièdes ou froids.
- En cas d’irritation de la bouche et de la gorge due à la chimiothérapie, il est conseillé de limiter les aliments agressifs comme les agrumes, les aliments secs ou croquants… et au contraire de favoriser les aliments simples et neutres comme les compotes, les bouillons, les pâtes, la viande hachée…
- En cas de diarrhée, il faut éviter les légumes riches en fibres, les aliments gras comme la charcuterie ou les fromages riches en gras et favoriser au contraire les viandes et poissons maigres, les purées ou les pâtes…
- En cas de constipation, il est conseillé de favoriser les bouillons, les aliments riches en fibres et les jus comme le jus de pruneau.
- En cas de perte de goût et d’appétit, on peut utiliser les épices, le sel ou encore le sucre pour donner plus de saveur aux plats.
Prévenir la dénutrition
Le patient devra être particulièrement attentif à son poids notamment pour prévenir l’amaigrissement et la dénutrition. En effet, la dénutrition entraîne une dégradation de l’état général de la personne et peut altérer l’efficacité des traitements.
Elle est due en général à une modification du goût et à une perte d’appétit liées à la maladie ou aux traitements.
En cas d’amaigrissement, différents conseils peuvent aider la personne :
- Favoriser les plats riches notamment en gras et/ou en protéines comme la viande, les œufs mais aussi les fromages ou le beurre…
- Fractionnez les repas et faire des collations le matin et l’après midi
- Favoriser les aliments simples et tièdes ou froids
- Pratiquez une activité physique
- Des compléments alimentaires prescrits par le médecin peuvent parfois être nécessaires (à prendre à distance des repas, toujours privilégier l’alimentation normale)
Prévenir le surpoids lié aux traitements
La prise de poids est souvent observée suite à une chimiothérapie notamment en cas de cancer du sein. Il est conseillé d‘essayer de retrouver son poids habituel en équilibrant simplement son alimentation et en pratiquant une activité physique régulière.
La prise de poids étant liée au traitement, la personne retrouve souvent son poids à la fin des séances de chimiothérapie.
LES AIDES POUR LA VIE QUOTIDIENNE AVEC LE CANCER
Différents dispositifs d’aide pourront faciliter le quotidien des malades à leur domicile pour faire face à la douleur, la fatigue…
Tout d’abord les services d’aides à la personne qui sont un ensemble de services à disposition des personnes et délivrés par des professionnels, par exemple :
- Le garde malade : il s’assure du confort physique et du bien-être moral du malade.
- L’aide aux personnes : cela recouvre l’aide aux actes de la vie quotidienne (toilette, habillage, alimentation, déplacements à l’intérieur du domicile…) et l’accompagnement dans les activités de la vie sociale (sorties, visites, activités sportives…).
Ces services peuvent être rendus par une auxiliaire de vie, une aide à domicile, une aide médico-psychologique.
L’aide à domicile peut être une auxiliaire de vie sociale ou une technicienne de l’intervention sociale et familiale.
Ensuite les aides techniques peuvent faciliter la vie du malade à son domicile. Ce peut être par exemple un système de portage de repas à domicile ou de téléassistance.
Il peut aussi s’agir d’adapter le domicile de la personne pour faciliter ses déplacements.
L'équipe soignante peut aider les malades et leur entourage à mettre en place ces aides, par exemple en organisant le contact avec un assistant social qui les accompagnera dans leurs démarches.
Les associations pourront aussi apporter un soutien aux malades et à leurs proches.
LES PROCHES EN CAS DE CANCER
Le combat du patient contre sa maladie, les effets secondaires du traitement, ... peuvent modifier les relations du malade avec ses proches et les conditions de vie de l’entourage.
Le rôle des proches lors de la maladie
- En fonction des personnes et des moments, le malade souhaitera parler de sa maladie, de sa douleur,... ou souhaitera au contraire qu'on lui change les idées ; l’entourage doit être à l'écoute, et laisser le malade choisir du sujet de discussion, et ne pas le harceler pour en savoir plus sur le pronostic...
- Ne pas dramatiser mais ne pas non plus minimiser la maladie
- S'intéresser à la personne plutôt qu'à la maladie
Que faire ?
L'entourage peut accompagner le malade dans ce combat contre la maladie :
- Prendre en charge les démarches administratives, les travaux domestiques, l'aménagement du domicile... en faisant éventuellement appel à des services spécialisés
- Encourager le malade à suivre son traitement
- Lorsque le malade n'ose pas ou n'a pas le courage d'alerter l'équipe soignante sur un problème, l'entourage peut jouer ce rôle d'alerte
Le rôle de l'entourage sera d'autant plus efficace qu'il accompagnera le malade dans tout ou partie des consultations, séances de chimiothérapie,... car il comprendra mieux la maladie, son traitement et ses effets.
L'entourage peut demander à l'équipe soignante de l'accompagner, par exemple en lui offrant un soutien psychologique. Il ne faut pas hésiter à passer le relai, si c'est possible, quelques jours, quand les aidants se sentent débordés par la situation.
Pour en savoir plus, lire le dossier de l’Institut National du Cancer : "Aider un proche malade ".
Sources :
- Réseau national alimentation cancer recherche. Nutrition pendant le cancer.
- La Ligue contre le cancer. Cancer et vie quotidienne.
- Institut national du cancer. La fatigue.
- Institut National du Cancer. Réagir face à la douleur.
Auteurs : ALLAIS Claire (Dr - Médecin généraliste) • GRENIER Catherine (Dr - Médecin en Santé Publique)
Côté MGP
Parce que les maladies chroniques ne concernent pas que les adultes, la MGP propose un soutien aux enfants déscolarisés. Il permettra la mise en place d'un soutien scolaire à domicile ou sur le lieu d'hospitalisation.